Accueil > Documentation > Histoire de la Palestine > Ilan Pappe, Une terre pour deux peuples, Histoire de la Palestine moderne

Ilan Pappe, Une terre pour deux peuples, Histoire de la Palestine moderne

mardi 2 février 2016

Ilan Pappe
Une terre pour deux peuples,
Histoire de la Palestine moderne

Fayard, 2004, 357 pages (2004 aussi pour l’original en anglais). Ilan Pappe fait partie des nouveaux historiens critiques à l’égard de la politique d’Israël et de la façon dont l’histoire y est écrite et enseignée.

p. 97 : En 1920, « le mouvement sioniste remporta une victoire sous la forme d’un mandat britannique favorable à la déclaration Balfour »… « les sionistes purent convaincre les Américains de ne pas s’opposer à ce que la déclaration Balfour figure dans la charte du mandat sur la Palestine ».
« En sept 22, une clause fut ajoutée à ce texte qui excluait la Transjordanie du territoire de la Palestine et définissait la zone d’application du mandat : du Jourdain à la Méditerranée. Cette révision de la charte fut à l’origine du premier schisme idéologique majeur au sein du mouvement sioniste. Les organisations de droite (…) se séparèrent du reste du mouvement pour protester contre la concession faite par ses dirigeants à propos de la Jordanie qu’ils considéraient comme un élément vital du foyer national juif ».

p 107 : « Dans son journal intime, Ben Gourion ne cachait pas que la réalisation du rêve sioniste passait par le développement des implantations et, lorsque les circonstances le permettraient, par l’évacuation de la population indigène ».

« la création de l’enclave sioniste (1929-1936) »

Autant en 1920, les Britanniques avaient cherché à unifier l’ensemble de la Palestine, autant à partir de 1929, ils cherchent à dissocier les deux communautés sur le plan économique et financier.
« La séparation et la ségrégation qui s’ensuivirent bénéficièrent à ceux qui se trouvaient à l’intérieur de l’enclave, mais désavantagèrent la population indigène environnante… la colonie juive, le yishouv, devint une entité économique distincte. »

Les sionistes voulaient cette indépendance économique pour exercer le contrôle le plus étroit possible sur le marché foncier et sur l’emploi avec le slogan « main d’œuvre hébraïque ».

P 111 : « la paupérisation de la Palestine rurale (1929-1936) »

Le gouvernement britannique ne s’intéresse pas aux campagnes palestiniennes où la vie devient de plus en plus difficile ; il n’y fait aucun investissement.
P 115 : « Le « succès » de la politique financière du gouvernement de Palestine dans les années 1930 résultait de la décision délibérée de privilégier les centres urbains et les régions littorales où étaient établis la plupart des Juifs, par rapport à la Galilée et aux collines où vivaient les Palestiniens. La principale conséquence fut un mouvement migratoire en direction des centres urbains de la Palestine.

P 116 : « Questions de leadership et de nationalisme (1930-1936) »

P 119 : « La révolte de 1936 »

P 123 : « L’opposition au nationalisme : la volonté de cohabitation »

L’auteur souligne une volonté de cohabitation dans les classes populaires entre juifs et Palestiniens, mais cette volonté se heurtait aux discours nationalistes, surtout sionistes.
p 126 , il donne des exemples précis : Haïfa était devenue une ville industrielle et portuaire prospère. Les communautés juive, chrétienne et musulmane y étaient d’importance identique. En 1920, les populations fondèrent le premier syndicat de Palestine englobant Palestiniens, Arabes immigrés et juifs et lancèrent des luttes pour défendre leurs conditions de travail et améliorer leurs salaires. Les dirigeants sionistes découragèrent les juifs qui s’associaient aux autres, dénoncent le danger des syndicats mixtes, arabes et juifs. « La mission des travailleurs hébreux (…) ne doit pas être de se préoccuper d’assistance mutuelle aux ouvriers arabes, mais de contribuer au renforcement du projet sioniste dans le pays », déclaration du dirigeant de la Histadrout de Haïfa.
La Histadrout oblige les juifs à s’engager dans des syndicats exclusivement juifs, si bien que les Palestiniens sont obligés d’en faire autant.

p ; 129 : « la direction juive n’eut de cesse de détruire les organisations professionnelles judéo-arabes ».

La cohabitation « était un principe fondamental du parti Communiste de Palestine (..) une formation dominée par les Juifs jusqu’en 1936, date à laquelle au cours de ce que la chronique du parti appela un processus d’ « arabisation », un nombre plus important de Palestiniens y adhérèrent ».

P 137 : ch IV : Entre Nakbah et indépendance : la guerre de 1948

Au lendemain de la guerre, alors que l’ONU réfléchit au sort de la Palestine, « des fonctionnaires sionistes dynamiques entreprirent d’estimer la richesse des villages palestiniens situés à l’intérieur du territoire attribué aux juifs par le rapport de l’UNSCOP (…) Ces informations étaient classées en fonction de paramètres tels que la population, la production agricole et l’attitude par rapport au mouvement sioniste. (…) un résumé de ce registre fut fourni aux commandants d’unités qui attaquèrent ces localités (en 48, avant et après la fin du mandat). Ces résumés révèlent que, outre leur richesse ou leurs relations antérieures avec la communauté sioniste, l’emplacement stratégique de ces villages joua un rôle déterminant dans leur sort. »

P 140 : à l’ONU, « la majorité des deux tiers de l’Assemblée indispensable à la partition ne fut obtenue qu’au prix de manœuvres considérables du lobby juif américain, d’importantes pressions diplomatiques des États-Unis et d’un vigoureux discours de l’ambassadeur russe aux Nations Unies »

P 142 « La purification ethnique de la Palestine (mars-mai 1948) »
Israël redoute « un revirement international, américain notamment (…) En mars 1948, l’administration américaine commença en effet à s’interroger sur la faisabilité du plan de partage. La délégation américaine aux N-U proposa une autre solution : une tutelle internationale de 5 ans sur la Palestine, suivie d’un bilan, avant l’instauration d’un règlement permanent. Les pressions de la communauté juive aux États-Unis empêchèrent ce retournement politique. »

P 144 : « Ces atrocités ne furent pas commises au hasard ; elles s’inscrivaient dans un schéma directeur conçu pour débarrasser le futur état juif du plus grand nombre possible de Palestiniens ».
« Le plan (…) fraya la voie à la purification ethnique de la Palestine (…). À la mi-mai, (…) les expulsions avaient déjà touché le tiers de la population palestinienne . »

145 : « La guerre palestinienne (mai 1948-janvier 1949) »
150 : » La purification ethnique de la Palestine (Mai 1948-janvier 1949) »

Israël a rayé 370 villages de la carte
P 151, à Tantura, les villageois faits prisonniers dans la nuit du 22/05 « furent conduits sur la plage. Là, les hommes furent séparés des femmes et des enfants (…) deux cents hommes, âgés de 13 à 30 ans, furent massacrés par la brigade Alexandroni assistée d’autres unités juives. Ce bain de sang répondait à la soif de vengeance et à la volonté délibérée d’éliminer les hommes en âge de combattre. Bien d’autres localités furent le théâtre de drames similaires. »
Les méthodes utilisées étaient, elles, on ne peut plus systématiques : terroriser la population, exécuter quelques habitants pour inciter les autres à plier bagage, puis faire appel à une commission officielle chargée d’estimer la valeur des terres et des biens des villages ou des quartiers évacués.

P 152 : au printemps 1949, « la moitié (des localités de Palestine) avaient été détruites, rasées par les bulldozers israéliens qui étaient entrés en action en août 48, quand le gouvernement avait décidé de transformer ces villages en terres cultivées ou de construire de nouvelles colonies juives sur leurs ruines (…) Les archéologues israéliens (…) espéraient que la nouvelle carte se rapprocheraient ainsi de l’« Israël antique » ».

P 154 : « ch V : L’ère du partage (1948-1967) »

« Déplacements et expropriation »
L’installation des camps de réfugiés.
P. 157 : En avril 49, une conférence de paix est organisée à Lausanne. Son but : trouver une solution aux 3 problèmes essentiels de la région : rapatriement inconditionnel des réfugiés, internationalisation de Jérusalem, partage du pays en fonction de la répartition des deux groupes de population.
« Sous la pression américaine, Israël consentit une journée durant, le 11/05 (…) à négocier sur ces 3 propositions, avant de reprendre sa parole moins de 24 heures plus tard. Ce laps de temps fut suffisant pour que l’État juif soit accepté comme membre de l’ONU. Une fois admis, il se sentit suffisamment sûr de lui pour adopter une position inflexible vis à vis d’une solution que préconisaient les Nations unies, mais qui ne lui convenait pas. »

La politique des pays d’accueil envers les réfugiés.

L’expulsion des Palestiniens de leurs villages continue jusqu’en 1952.

P161 : « Modèles de réaction : guérilla, isolation, cooptation »

P 175 : « la campagne de Suez »
D Ben Gourion est qualifié de « faucon »

Notes relevées par C. Fruhauf

Portfolio