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Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l’archéologie

mardi 2 février 2016

Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l’archéologie, Bayard, 2002, 432p.

Deux territoires, un au nord, un au sud, tous les deux sur les hautes terres, à l’est des plaines qui bordent la Méditerranée et à l’ouest du Jourdain.

Ces hautes terres sont des collines relativement sèches, avec des vallées plus larges dans le nord.
Ces hautes terres sont habitées par des peuples nomades qui, par périodes assez longues, deux à trois siècles dans le courant du second millénaire, deviennent des cultivateurs, puis redeviennent nomades. Le Nord, plus propice aux cultures, est plus peuplé et plus développé que le Sud, et il entretient davantage de contacts avec les basses plaines et le commerce extérieur, alors que le Sud a peu à vendre et reste pauvre, avec une population beaucoup plus faible que dans le Nord.

C’est en particulier, du Xe siècle au VIIIe siècle, que le Nord (État d’Israël) se développe, servant de transition entre l’Égypte et l’empire assyrien en cours de constitution. La fin du VIIIe siècle voit la destruction de l’état du Nord par l’empire assyrien. Une partie importante de la population du Nord est massacrée, une autre est déportée vers différents lieux de l’empire assyrien, tandis que les Assyriens implantent, dans les villages détruits, des populations venant d’autres lieux de leur empire. Il subsiste cependant plus de la moitié de la population antérieure de l’état du Nord. Enfin, une faible partie de la population du Nord se réfugie dans l’état du Sud, l’état de Juda, dont la croissance démographique et économique va être importante au cours de l’époque suivante. Cet état de Juda se mettant progressivement à jouer le rôle tenu auparavant par Israël.

Au VIIe siècle avant JC, le sud est donc en train de se développer et veut réaliser l’unité des hautes terres à son profit. Il invente l’histoire du peuple d’Israël et se présente comme le meilleur défenseur de l’identité et de l’unité de ce peuple, comme le gardien de l’orthodoxie religieuse.
Il invente une unité mythique de l’état Israël sous les rois David et Salomon pour justifier la reconstitution d’un état unifié. Il critique les rois de l’état du Nord, qu’il présente comme dépravés et non respectueux de la loi divine. Il en est résulté que ces rois ont été condamnés par Dieu, alors que le Sud prétend être resté constamment fidèle à la parole de Dieu.

En fait, les fouilles archéologiques montrent que, tant dans le Nord que dans le Sud, les populations rendaient un culte à différentes divinités, dont à Yawhé, mais également à des dieux étrangers (surtout dans le Nord) et à des forces naturelles. La monarchie du sud a mis en place, dès avant le VII° s., un culte à Yawhé dans le temple de Jérusalem, mais ce culte s’accompagne du maintien de pratiques officielles décentralisées et de pratiques populaires dispersées.
Avec le VIIe siècle, tout cela va changer. L’état de Juda, qui se veut l’état unique d’un seul peuple, s’organise autour d’une capitale unique, Jérusalem, d’un monarque unique, descendant de David, d’une religion unique et même d’un Dieu unique dont le culte ne peut être célébré que dans le temple de Jérusalem. C’est aussi un moyen pour asservir les populations extérieures à la ville et pour obliger les populations du Nord à reconnaître l’hégémonie religieuse et donc politique du Sud.

Plus largement, le Sud invente une histoire ancienne de ce peuple, histoire dans laquelle il y a, à plusieurs reprises, l’opposition entre le cultivateur et l’éleveur, représentés par deux frères entre lesquels Dieu, par hasard, choisit systématiquement l’éleveur, même quand celui-ci est le plus jeune des deux. Mais l’éleveur est le peuple du sud, plus frustre que le peuple du Nord, plus agriculteur.

D’autre part, pendant le VIIe siècle., l’empire assyrien est en déclin, tandis que l’Égypte retrouve sa gloire de l’époque des Pharaons. Des luttes militaires opposent l’état de Juda à cette Égypte et le récit biblique met au compte d’une lutte ancienne contre l’Égypte les faits d’armes qui se passent au VIIe siècle. Les batailles dont parle la Bible pour mentionner la reconquête de leur terre par le peuple Israël au sortir de sa captivité en Égypte sont, en fait, des batailles qui se sont déroulées au VIIe siècle.

Cette histoire se termine en 586 par la fin du royaume de Juda, la destruction du pays, y compris du Temple de Jérusalem, l’exil d’une partie de la population vers Babylone et l’Égypte, le tout à la suite d’une guerre contre l’Assyrie. C’est la période de l’exil du peuple d’Israël, un exil qui prendra fin une cinquantaine d’années plus tard quand les Perses, qui ont succédé aux Assyriens, autorisent le retour du peuple Israël sur ses terres, avec la reconstruction du Temple. Ce sera le second Temple de Jérusalem.

Désormais, il n’y aura plus de monarchie. Ce sont les prêtres qui seront à la tête du pays. Ils vont achever la rédaction des livres de la Bible en renforçant le caractère religieux de l’état, les interdits religieux, en particulier dans le mariage avec des étrangers, susceptibles de corrompre la pureté monothéiste du peuple.

Ici encore, le récit mêle le présent au passé. Le retour de l’exil en Égypte est assimilé au retour de l’exil à l’époque des Pharaons.

Quant aux origines mésopotamiennes d’Abraham que la Bible fait naître à Ur, elles s’expliquent par l’importance culturelle passée et présente de cette cité. Ur est un centre culturel important au Ve siècle ; Ur a été un centre de savoir de très haute antiquité. La naissance d’Abraham dans cette ville donne donc au peuple d’Israël, à la fois, ancienneté et distinction culturelle.

Les tentatives pour établir le caractère historique d’Abraham ne résistent pas à une étude des données, en particulier archéologiques. Différentes périodes ont été proposées pour sa vie, mais aucune n’est satisfaisante. Inversement, le récit des patriarches grouille de références aux réalités de la monarchie au VIIe siècle.

L’interdit alimentaire sur le cochon : les fouilles archéologiques montrent que dans les villages où vivent les nomades en cours de sédentarisation, les hautes terres de Palestine, le cochon est absent, alors qu’on le trouve dans les villes et campagnes de la plaine voisine, mais également sur les hautes terres à l’est du Jourdain où se trouvent des populations qui connaissent le même mode de vie que celles qui donneront le peuple d’Israël. Les auteurs ne voient qu’une explication : ces populations cherchent par cet interdit alimentaire à se différencier des populations voisines, dont tous les autres aspects connus les rapprochent.

L’auteur a fait remarquer auparavant que les populations sédentaires ont du « bétail », alors que les nomades ont des chèvres et des moutons et pas de « bétail », trop lent à se déplacer. Il ne parle pas du cochon dans ce passage, mais on peut considérer que le cochon a les mêmes défauts que le « bétail ». Ceci dit, les autres populations nomades mentionnées à l’est du Jourdain ne semblent pas, d’après les auteurs avoir exclu le cochon de leur alimentation.

Notes rédigées par C. Fruhauf

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